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Ermengarde Augé était de mauvaise humeur. Elle sentait que cela allait être une mauvaise journée. Elle commençait mal. Déjà, son mari était cloué au lit avec une fièvre de cheval. En été, je vous jure ! Tout cela parce que, monsieur, voulant jouer les jeunes, avait été faire un footing. A son âge ! Il avait transpiré et prit froid. Résultat, trente-neuf de fièvre, ce qui lui donnait la piètre excuse de ne pas se lever. Et qui devait aller ouvrir la boutique ? Bobonne ! Avec cela, il devait probablement faire déjà une vingtaine de degrés, à six heures du matin, ce qui présageait une journée chaude, ce que Ermengarde détestait, elle qui transpirait à grosses gouttes dès que le thermomètre affichait quinze degrés celsius.
Son irritation augmenta lorsqu’elle constata que le livreur de journaux était déjà passé, et avait laissé le chargement devant la porte du bureau de tabac qu‘elle et son mari tenaient depuis leur mariage. Et s’il avait plu ? Tout serait mouillé ! Ermengarde Augé voyait toujours la vie de manière empirique. Elle se voyait déjà victime d’un lumbago lorsqu’elle rentrerait les paquets, et elle pesta de plus belle contre son mari. Elle ouvrit la boutique, leva les volets et commença à rentrer les magazines. Plus qu’une pile, celle de la gazette régionale, et ce serait bon, courage ! Elle se baissa et resta pliée en deux.
(à suivre)