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Meurtre sans cadavre

6 janvier 2010

23

Rudy franchissait à peine le seuil que le couple se leva à l’unisson, et se précipita vers lui. Alexandre Duthillot prit la parole
  - Bonjour Rudy ! Nous n’avons pas pu fermer l’oeil de la nuit, tant nous sommes excités ! Vite ! Vite ! Pas une seconde de plus à perdre ! Nous signons immédiatement les documents !
  Le nez dans sa tasse, Virginie Simon bougonnait contre ce sans gène ! Non seulement ils venaient à l’heure de son breakfast, mais, de plus ils hurlaient ! Quelle masure pouvait donc les intéresser ? Elle était quand même intriguée, car elle ne pensait pas avoir quoique ce soit dans le budget de ces pouilleux ! Enfin, s’ils avaient un banquier assez sot pour leur accorder un emprunt…
Inconscient de ce qu’on pouvait penser de lui, Alexandre Duthillot poursuivait :
- A nous l’Ermitage !

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5 janvier 2010

22

Rudy franchissait à peine le seuil que le couple se leva à l’unisson, et se précipita vers lui. Alexandre Duthillot prit la parole
  - Bonjour Rudy ! Nous n’avons pas pu fermer l’oeil de la nuit, tant nous sommes excités ! Vite ! Vite ! Pas une seconde de plus à perdre ! Nous signons immédiatement les documents !
  Le nez dans sa tasse, Virginie Simon bougonnait contre ce sans gène ! Non seulement ils venaient à l’heure de son breakfast, mais, de plus ils hurlaient ! Quelle masure pouvait donc les intéresser ? Elle était quand même intriguée, car elle ne pensait pas avoir quoique ce soit dans le budget de ces pouilleux ! Enfin, s’ils avaient un banquier assez sot pour leur accorder un emprunt…
Inconscient de ce qu’on pouvait penser de lui, Alexandre Duthillot poursuivait :
- A nous l’Ermitage !

4 janvier 2010

21

- Encore les bouseux !
Maugréa Virginie Simon, en voyant les Duthillot devant les portes de son agence, le samedi matin.
Elle était arrivée une demi-heure plus tôt, entrant par la porte de derrière, et elle les avait vus faire, déjà,  le pied de grue. Qu’ils attendent, pensaient-elle, l’ouverture est à 9 heures, et vous attendrez jusque là, les pèquenauds ! Elle prenait même un malin plaisir de les voir recroquevillés sous leurs parapluies, alors qu’il pleuvait averse. D’où elle était, elle pouvait les voir sans être vue. Elle retint ses employées d’aller dans le local de vente avant l’heure. Celles-ci, étant de même acabit que leur patronne, se moquaient tout autant qu’elle du malheureux couple sous la pluie. Elles prirent même un malin plaisir à ouvrir l’agence avec dix bonnes minutes de retard.
Lorsque Praxelle et Alexandre entrèrent, on les pria d’aller attendre l’arrivée de Rudy Carmichael à son bureau, celui-ci ne prenant son service qu’à neuf heures et demi. Dans l’arrière salle, autour de la cafetière électrique, et de quelques croissants, elles continuaient de rire sous cape, en les regardant dégouliner sur le carrelage. La pluie était si forte ! Et, plus tard, on prétexterait à Rudy de nettoyer, puisque c’étaient ses clients ! Si cela avait été un couple comme il faut, selon leurs critères arrogants, on leur aurait proposé de partager la collation, mais pour des ploucs ! Voyons ! - Lorsqu’elles entendirent leur collègue arriver, mine de rien, elles regagnèrent leurs bureaux. Elles ne voulaient pas qu’il s’imagine qu’elles n’avaient encore rien fait.

3 janvier 2010

20

Lorsque Pétronille prit place à la tribune, on comprit qu’elle était la nouvelle candidate de droite, et nul n’écouta son discours. Enfin, presque, certaines oreilles traînant histoire de savoir si elle ferait la même promesse que sa mère, vu qu’elle était encore plus jolie qu’elle à son âge. Certains se promirent de signer leur bulletin de vote le jour venu : il y aurait la preuve qu’ils avaient voté pour elle.
Pétronille Esposito avait à peine terminé son harangue, que les autres candidates crièrent au scandale, à une manœuvre sournoise : présenter une candidate jeune et jolie était contraire à la constitution. Javote tenta de couper court à leurs récriminations en mentionnant que son élection à elle n’avait jamais été invalidée, alors qu’elle était plus jeune que sa fille, et presque aussi jolie. Au lieu de calmer le jeu, elle jeta de l’huile sur le feu, ses adversaires l’accusant d’avoir régné illégalement sur la municipalité pendant des années. La situation allait en empirant, et l’on était sur le point d’en venir aux mains, chose commune à Pluiederubis, lorsqu’une vois s’éleva du fond de la salle :
- Hé ! Il va être vingt-et-une heures ! Avec vos conneries, pour un peu, je loupais le feuilleton ! Bonsoir tout le monde !
En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, protagonistes et assistance étaient dehors. Le feuilleton, c’était du sacré ! Tous se précipitèrent pour aller allumer leurs téléviseurs.

*
* *

2 janvier 2010

19

Javote profita du silence imposé pour poursuivre :
- J’ai effectivement décidé de ne plus poursuivre ma carrière politique, mais ce n’est pas ce freluquet d’Eleuthère Matzagouras qui…
- Freluquet ? Moi ?
- Ta gueule, Eleuthère, ai-je dit ! Ce ne sera donc pas Eleuthère, même s’il est le vice-président du parti !
- Quoi ? Mais ?
- Pour la dernière fois : ta gueule, Eleuthère ! Non, seule personne valable à ma succession, ma fille Pétronille !
- Ça, jamais !
- Je t’avais prévenu, cloporte !
Javote Esposito, envoya un uppercut au menton du pauvre Eleuthère, qui prit exactement le même chemin qu’Isabeau quelques minutes plus tôt. Victoire Victorine glapit de douleur une nouvelle fois, et accusa ses adversaires de vouloir la mettre hors circuit de basses manières.
Comme de bien entendu personne dans l’assistance n’avait écouté les propos de Javote, on se demandait pourquoi elle avait boxé son vice-président.

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1 janvier 2010

18

Javote Esposito qui détenait deux records absolus dans toute l’histoire de la municipalité. La plus jeune élue, puisqu’elle avait commencé son premier mandat à l’âge de vingt-et-un ans, et avec un pourcentage inégalé. Pourtant, rien ne laissait présager un tel succès. Cela se passait une trentaine d’années auparavant, et elle était la première femme à se présenter dans sa localité. A cette époque, on n’imaginait pas, à Pluiederubis, que la politique soit une affaire de femme, et moins encore celle d’une gamine, comme disaient les anciens. Elle n’avait pas été plus écoutée que les autres, seulement, l’inconscient enregistre certaines paroles. Et la jeune Javote avait su trouver ses mots :
- Si je suis élue, je promets à chaque électeur ayant voté pour moi, s’il le désire, de coucher avec lui !
Et comme elle était d’une incroyable beauté… Selon certaines estimations, il est probable que tous les électeurs de sexe masculin avaient voté pour elle. Tous, sauf trois. Qui pouvaient-ils être ? On était presque certain de l’identité de deux d’entre d’eux. Tout d’abord, le curé de l’époque, même si les athées et les Protestants l’accusaient d’être un vieux pervers libidineux. Le second, le pasteur, père de l’actuel pasteur Frédégonde Badina. Il eut droit aux mêmes qualificatifs que son rival religieux, de la part des athées et des Catholiques. Catholiques et Protestants s’accusant mutuellement d’être à l’origine des rumeurs mutuelles, sans que l’on ne sache jamais qui avait commencé. Probablement les deux camps au même moment. L’identité du supposé troisième homme ne fut jamais élucidée. Toujours est-il que les estimations mirent à mal plusieurs ménages… Mais on ne divorce pas, à Pluiederubis.   
Le soir même de l’élection, de très nombreux galants se précipitèrent, discrètement, auprès de la nouvelle élue, pour lui rappeler sa promesse électorale. Ce à quoi la belle répondait qu’elle tiendrait toutes ses promesses électorales, mais, elle leur demanda de lui fournir la preuve que le bulletin de vote qu’ils avaient déposé, était bien le sien. Comme nul ne put en apporter la preuve, elle n’eut pas tenir cette promesse électorale… Ni les autres d‘ailleurs, mais comme personne ne les avait écouté, personne ne s’en rendit compte.

31 décembre 2009

17

Coupée dans son élan lyrique, Hildegarde resta un moment immobile, telle une statue, bouche ouverte, un bras en l’air dont l’index pointait un point imaginaire au plafond. Elle aspira si fortement, que quelques enfants dans l’assistance se demandèrent si elle n’allait point exploser comme le crapaud de la fable qu’ils étaient en train d’étudier à l’école.
- On t’a peut-être sonnée, crevure ?
- La Loi, c’est la Loi, t’as dépassé ton temps de parole, alors dégage ! Comme tu dégageras aussi de ma mairie !
- Minute, Coryandre, la mairie elle sera à moi !  Coupa Victoire Victorine.
- Que nenni ! J’y suis, j’y resterai !
- Il est évident qu’en voyant les poissonnières que vous êtes, les électeurs voteront pour le vrai changement !
L’intervention d’Isabeau eut raison de la querelle naissante, et le trio se ligua contre lui :
- Et qu’est-ce qu’ils y connaissent en politique, les hommes ?
- Ce que… Partout dans le monde, les hommes gouvernent et…
- Cela n’est pas une preuve ! D’ailleurs, on voit…
- Assez ! Fermez-la, les grognasses !
Eleuthère Matzagouras entrait dans la bagarre. Son intervention fut remarquée de tous, car depuis des années il se tenait dans l’ombre de Javote Esposito, la présidente du parti de la Barre à Droite Toute. On pensait même qu’il était muet ! Et Eleuthère de continuer :
- Les choses vont changer, car la Droite sera elle aussi représentée par un homme moi ! Et…
- Ta gueule, Eleuthère !
L’intervention de Javote coupa net et la parole d’Eleuthère, et les réactions des autres antagonistes. Eleuthère, parce qu’il craignait sa présidente, les autres curieux de la suite. Lorsque Javote perdait son langage châtié, cela promettait une suite inattendue.

30 décembre 2009

16

Hildegarde Lamer reprit la parole :
- Merci pour ce radotage, Coryandre ! Qui sera le candidat du parti Tutti Frutti ?
Elle n’avait point mentionné « la candidate », car le parti centriste ne pouvait être représenté que par Isabeau Jantkowiak ! En effet, pour les villageois, on ne pouvait être que de gauche ou de droite. Un centre ? Une ineptie !
Isabeau Jantkowiak était donc le seul membre de son parti politique… et son unique électeur. Pourtant, il persistait, espérant qu’un jour on reconnaîtrait ses qualités, ou, à défaut, qu’une épidémie quelconque cloua tous ses concitoyens dans leurs lits, et qu’il soit le seul pour aller voter. Inutile de préciser que personne n’écouta un seul mot de son discours.
Hildegarde Lamer piaffait d’impatience, et alors que son rival terminait à peine allocution, elle se catapulta sur l’estrade, éjectant du même coup Isabeau. Celui-ci en perdant l’équilibre se retrouva assis sur les genoux de Victoire Victorine qui glapit de douleur. Hildegarde les foudroya du regard
- Isabeau ! Cessez de faire le pitre ! On vous a laissé débiter vos sottises, alors, laisser les autres s’exprimer ! Forte de ces dernières années passées en tant que votre maire, il va de soit que je me représente ! Contrairement à certaines (du regard, elle désignait Coryandre Muguet) mon parti, les Brocolis et les Haricots, est le seul et unique parti écologique…
Elle continua ainsi ses palabres que nul n’écoutait…
- Hé ! Ce n’est pas parce que tu es maire que t’as le droit de dépasser ton temps de parole ! Ferme ton clapet !

29 décembre 2009

15

     Afin d’éviter toute querelle sur l’ordre de présentations des candidats, il avait été défini une fois pour toutes : comme on écrit de gauche à droite, on présenterait les candidats de même, les plus à gauche en premier, les plus à droite en dernier.
     Le maire sortant, Hildegarde Lamer, ne faillit pas à la tradition.
     - Qui sera le candidat ou la candidate du parti de « A Gauche de la Gauche » ?
     - Moi ! Bien entendu ? Qui d’autre veux-tu que se soit ? Un de ces avortons qui me servent de disciples ?
     Celle qui venait de s’exprimer était Victoire Victorine, élue plusieurs fois par le passé, régnant sans partage sur le parti qu’elle avait réorganisé à sa façon, et changé de nom. Elle se leva, altière, et commença son discours de présentation. Bien sûr, personne n’écouta ce qu’elle disait.
     A la fin de son discours, Hildegarde la remercia poursuivi :
     - Qui sera le candidat ou la candidate du parti de la Tomate et du Poivron ?
     - Moi ! Je te reprendrai la mairie, usurpatrice !
     Coryandre Muguet, la candidate écologiste de gauche, n’avait jamais accepté sa défaite et encore moins d’avoir été battue par Hildegarde Lamer, elle aussi candidate écologiste, mais de droite. Elle entama immédiatement son discours que, bien sûr, personne n’écouta.

28 juillet 2008

14

     C’est ainsi que Pluiederubis pouvait s’enorgueillir d’être la plus petite localité au monde dotée d’un tramway ! Son financement intégral restait d’ailleurs une énigme. Chose étrange, le tramway  avait pour terminus la mairie et la maison de madame le maire, presque au bout du village, il est vrai. Même si ses électeurs avaient été révoltés par les augmentations d’impôts, ils n’en avaient pas moins revoté pour elle, mais elle avait perdu les élections.
     En fait, il y avait de fréquentes alternances politiques au village, et le maire l’emportait à chaque fois d’une seule et unique voix sur les autres candidats ! On en avait conclu qu’un seul électeur - à moins que ce ne soit une électrice pour être aussi inconstante ? - écoutait les propos des différents candidats. Mais personne n’avait jamais su qui était le mystérieux électeur. Et entre chaque élection, s’il devait y avoir des décès, il semblait que la Main Divine frappa automatiquement le même nombre d’électeurs par partis…
     Il y avait cinq formations politiques, bien particulières à la municipalité. Deux représentant la gauche, une le centre, et deux représentant la droite. Les habitants de Pluiederubis se proclamaient de droite ou de gauche, pourtant, une fois encore, pour tout observateur étranger au village, leurs idées ne correspondaient en rien aux idéologies du reste du monde. Tous ayant des idées appartenant aux deux bords. Ils avaient d’ailleurs souvent les mêmes opinions, mais les exprimaient de manières différentes, se disputant et campant sur leurs positions, sans se rendre comptent qu’ils pensaient exactement la même chose.

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Meurtre sans cadavre
  • Roman policier humoristique feuilleton. Lorsqu'ils achètent l’Ermitage, ils ne s’attendent pas à être confrontés à une population où tous semblent sortis d’un asile psychiatrique. Une série d’enlèvements et de meurtres débute. Sérieux, s’abstenir !
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